mardi 22 novembre 2011

Cycle

S'il y a bien une chose dont je suis sûr aujourd'hui, et depuis déjà un bon moment, c'est que rien n'est stable. Tout évolue, tout change, tout se transforme.
C'est drôle, c'est quand tu crois avoir trouvé cet état de bonheur, de paix intérieure, de confiance, et que tu t'es bien installé dans cet état confortable, que tu te rends compte que ça ne va pas durer. Ensuite, tu dégringoles petit à petit, parce que tu sais bien que le bonheur n'est pas pour toi. Tu sais bien qu'en tant qu'humain, tu n'es rien et tu n'as pas droit à un tel privilège indéfiniment. Une seule chose reste, cette espèce de désinvolture que tu as découverte en même temps que ces rêves de nirvana. Plus rien ne t'atteint, et c'est bien ça le problème.
Je me fous de tout. Je vis ma vie que j'ai appris à gérer seul, que je gère seul, et dans laquelle même mes meilleures relations n'entrent pas tout à fait. Parce que le seul espace où je me sente vraiment bien, c'est en moi, dans cette petite carapace frêle de minet qu'on aurait convié à rejoindre cette si grande communauté qu'est le monde des adultes. Cette invitation n'est finalement pas plus intéressante que celle que tu reçois sur facebook pour aller à la prochaine soirée de péteux en manque de reconnaissance sociale. C'est une invitation que j'ai pourtant tant attendue, et que maintenant je m'efforce tant bien que mal de repousser au maximum. Je ne sais pas vraiment où je suis, ni ce que je dois faire, ni comment je dois m'y prendre.

Tout ce que je voudrais là, c'est qu'on me foute la paix le temps de simplifier ce bordel dans lequel je vis.


Sounds like Jake's back.

lundi 15 août 2011

Love don't lie.

Il est de ces couples qui vous font parfois rêver. Ce genre de couples qui fonctionnent aussi bien scindés en deux que rassemblés. Formés de deux personnes indépendantes et inséparables à la fois. On apprend à connaître les deux personnes, chacune incroyable dans sa singularité, et puis l'on se laisse charmer par leur union si particulière. Rien ne peut mieux les unir que leurs différences, leurs désaccords et leurs querelles incessantes. Car au fond, l'amour est une bataille, une lutte infinie contre soi-même et contre l'être aimé. Un réel couple d'amoureux peut s'assimiler à une guerre mondiale. Un paysage à la fois cruel et magnifique tant il représente l'humanité dans son absurdité totale. Se battre pour la paix. Un face à face de catapultes, de bombes et d'explosions dans un environnement où tous les éléments se déchaînent, un coup de feu est tiré dans les airs depuis la terre, il part crever les nuages où il traverse la pluie et finit par rencontrer l'homme et le touche au plus profond de son corps afin de chatouiller son âme.



Encore une fois, tu étais là. A ce moment-là, c'était dans le train. Je sais que tu ne liras certainement jamais ce que je te confie, et c'est probablement ce qui me fait le plus mal. Je ne peux pas m'empêcher de t'envisager, ici ou là. Tu es partout. Je te croise souvent au détour d'une rue, parfois même au supermarché et bien souvent dans mes rêves. Nos rencontres se limitent toujours à un échange de regards, quand je suis chanceux.

Qui eût cru que je songe jamais à l'amour? Tu n'es pas facile avec moi. Jamais tu ne me rejoins pour partager ces rêveries que tu animes en mitraillant toutes mes pensées d'une seule pression sur la détente de tes iris acérés. Mon cœur tremble dans l'attente du jour où tu daigneras, à la lumière d'une céleste nuit noire, plus brillante que le moindre brin de soleil, soutenir mon regard hagard et me souffler un bonsoir.

Pictures : Steven Meisel - Make love not war.

mardi 10 mai 2011

Génération Baudelaire

Pic : Bruno Dayan

Spleen & Idéal.

On est là : dans le " & ".
Sans cesse faisant l'ascenceur entre un paradis artificiel
et une descente fulgurante.
On se rêve zombies de luxe.
On étale nos vies pathétiques dans l'espoir de susciter l'admiration,
on s'admire soi-même pour éviter trop d'efforts à autrui.
Génération de bourgeois bohèmes,
on croit dur comme fer que nos apparats feront notre salut.
Puis on se rend compte qu'ils ne nous mènent qu'à la nudité cruelle,
à ce mélange de corps transpirant de spiritueux et de désespoir.
Cherchons encore l'identité dans cette unicité cinglante.
Vif ou mort, le corps est animal, l'esprit est humain et la tentation en est la frontière.

samedi 23 avril 2011

Je suis l'Homme

Je suis Mat(t)hieu, la représentation parfaite de l'Homme.
Je vis entre ciel et terre.

Et le ciel et la terre, c'est l'opposition. Je pourrais dire que je suis la frontière entre le Yin et le Yang. Je vis entre civilisation et bestialité, entre amour et haine, entre richesse et pauvreté, ... La liste est longue.
Ma condition est telle que je ne suis pas un artiste total. Ceux-là vivent au beau milieu d'un sombre ciel, ils vivent en huis clos dans leurs délires psychédéliques et orgiaques. Ce sont les enfants de Dionysos, ils passent leur temps entre chute libre et montée acide, entre inspiration délirante et suspension fantomatique. La vie quotidienne n'a pas de sens pour eux, elle n'est qu'un médium qui n'a pour intérêt que celui d'être le support de leurs sécrétions mentales. De l'autre côté se trouve certainement le prolétaire de base. Le con qui pense que sa vie se résume à trimer au travail, dupliquer le patrimoine génétique familial et regarder la télévision quand le temps le permet. C'est celui qui vit sur terre, sous le règne de Dieu, le seul et l'unique, qui dicte les lois du bien et du mal, les choix de vie à suivre et qui pardonne ceux qui osent parfois s'écarter du droit chemin. Quant à moi, je suis perdu entre ciel et terre, entre paix et violence, entre folie et raison. Je fais partie de cette génération, point central de tous ces chemins partagés, équilibre fébrile de la balance, fruit d'un mélange, d'une confrontation entre l'Olympe, l'Éden et les Enfers. Je nage sans palmes, je vole sans ailes. Je suis un bipolaire modéré.
Christ de St Jean de la Croix - Dali

mardi 11 janvier 2011

You and the other


Le monologue est tellement simple quand on réfléchit seul, dans son petit coin d'habitation.
Et puis, à côté de cela, le dialogue paraît parfois insignifiant.
C'est pourtant de lui que s'enrichit la matière grise.
Mais, si l'on additionne toutes les conversations que l'on a eues, n'y en a-t-il pas deux tiers
qui n'ont rien avancé? On se surprend même parfois à dire des choses
avant même d'avoir eu le temps d'y penser. Un automatisme, une répétition débile.
"Ça va et toi?"
Mais qu'est-ce qu'il ne faut pas dire quand on n'a pas envie de justifier un coup de blues !
Quand on n'a aucune envie de se plaindre.
S'ouvrir aux autres.
Certains ont perdu la clé, et s'en bouffent les doigts!
D'autres l'ont simplement oubliée dans un coin, sous le paillasson.
Enfin, chacun s'enferme à sa manière personnelle.
Parfois tellement hermétiquement qu'on ne sait plus quoi faire
pour entrevoir ne serait-ce que le moindre faisceau de vérité!

Tous les profils sont possibles, on peut en faire autant de déclinaisons que d'êtres humains.


L'authenticité, l'unicité en pâtissent.
Uniformément nous vivons dans des opinions creuses et générales sans valeur aucune.
Car bien que l'exhibition se répand comme une tache d'huile,
elle n'est que l'éclaboussure d'une pudeur explosée au milieu d'un étau de fierté.


Picture - Bruno Dayan