mercredi 26 décembre 2012

One day, after Durringer

99F
       Toute ma vie, depuis tout petit, peut-être même avant de savoir ce que c'était, je me suis entraîné à subir la douleur, sans rien dire aux autres, sans rien dire.
Comme si je savais là, ce qui m'attendait.
Je sais pas si je me suis trompé. En grandissant, je me disais que je subirais plus. Et c'est vrai, la douleur passe, elle s'évapore lentement. Mais la base reste mouillée, tu vois. Il y a toujours une trace, une empreinte, une signature.
J'ai tenté des purges, trouver du réconfort, penser autrement, absorber le bien, le bon. 
Mais au final elle est toujours là, au rendez-vous.
 
    Elle le chasse. Elle est là pour lui courir après. Elle prend tout. Lui, il est là, il fait ce qu'il peut pour résister mais il finit toujours par flancher, tu vois. C'est pas la volonté qui manque pourtant.
Je me suis trompé je crois.
J'ai pas pris le bon bout, je sais pas.
Mais je m'entraîne toujours. Je m'entraîne... je sais pas.


samedi 22 décembre 2012

Tabacos



La clope a quelque chose de symbolique. Quand on te demande pourquoi t'as commencé, tu sors souvent la réplique typique “pour faire comme les autres”. Mais ce n'est pas qu'un simple instrument de style et d'intégration. C'est bien plus. Les non-fumeurs te diront qu'ils ne fument pas, banalement, “parce qu'ils n'aiment pas et qu'ils n'en voient pas l'utilité” . La subtilité de la phrase réside dans ce dernier noyau grammatical (subordonnée relative, truc du genre). Bref. Ils n'en voient pas l'utilité. Eh bien consciemment, les fumeurs cherchent l'utilité, ne savent pas comment expliquer.
La cigarette est un outil social. La cigarette est la représentation matérielle d'un partage. On apprécie fumer accompagné. Dans des moments de solitude, on appréciera aussi fumer, car dans ces moments-là, elle deviendra la compagnie, conservée dans la mémoire des moments partagés.
Parce qu'en effet, elle inspire la convivialité, malgré son apparence de Voldemort aujourd'hui, elle a beau causer de terribles atrocités, elle a bon fond.

dimanche 7 octobre 2012

jeudi 23 août 2012

Stuck at the door

Le seul commerce de quartier encore vivant aujourd'hui reste ce que je serais tenté de nommer le « petit trafic ». Et il est en expansion. C'est indéniable. Demande à ton buraliste la quantité de feuilles à rouler qu'il écoule par jour, tu verras. Mais les petits commerces ne sont pas d'actualité, ils sont sales, ils se doivent de rester tapis dans l'ombre.
L'ouverture d'esprit n'est pas à l'ordre du jour, officiellement. La lumière n'est pas gratuite, tu dois aller la chercher dans les ténèbres. Comme un passage sur le Styx, tu te dois de trouver le passeur, pièces en main, avant d'arriver à destination. Pourtant, qui aujourd'hui n'est pas passé sur ce putain de fleuve? Qui ne s'est pas aventuré de l'autre côté? Et qui ne va pas encore au delà? Le voyage est plus risqué, mais certains sont prêts à aller très loin, et nous sommes tous clandestins du monde, à la recherche d'une échappatoire quelle qu'elle soit.
Ce putain de fleuve existe bel et bien, et l'au-delà aussi – en accès limité. Arrêtons cette hypocrisie, déverrouillons les portes. 

Photo : Clara by me

vendredi 10 août 2012

Struggle

La vie est un combat incessant, un besoin violent d'exister.
Je regarde ma poitrine et me rend compte à quel point mon corps, mes organes se battent pour me donner une existence, dans un travail perpétuel, chacun travaille à sa cause, violemment, mus par on ne sait quelle volonté. Je n'y fais rien, mon coeur bat de son propre gré, il propulse cette liqueur de vie à travers tous mes membres qui eux-même me font avancer, de manière concrète et figurée. 
Comment expliquer cette bataille pour la vie?

Rien n'est décidé par le premier concerné, et pourtant nous continuons tous à vivre, à essayer de se donner une consistance, faire comme si tout était normal. Mais moi j'avais demandé à venir sur Terre avant tout ça? Y a-t-il une conscience avant la vie? On parle toujours d'après la mort, mais on se pose rarement la question de ce qui se passe avant. Pourquoi? Parce que cette question on se l'est déjà posée - tous - étant gamins. La réponse qu'on a eue, variant selon l'interlocuteur, est que l'on est le fruit de l'union de deux personnes. Ils ont décidé pour toi !

Maintenant, il faut avancer, arrêter de réfléchir. Jusqu'à quand?


Photo : Clara.

mercredi 7 mars 2012

Teardrops cover - Peter and Kerry

J'écoute une petite cover proposée par une amie facebook en même temps que le bruit de la pluie fine qui tapote les tuiles des toits alentours. Des pensées toujours contradictoires viennent à moi. Je me dis que la vie, même quand on n'a pas la motivation de la supporter est parfois plus simple que ce qu'on voudrait nous faire croire. Je me dis qu'on devrait pouvoir tout lâcher quelques instants, juste le temps de profiter de beautés simples telle que celle que je suis en train de vivre, tout en observant cette mélancolie qui nous envahit sans pour autant chercher à la comprendre.

Et l'on devrait pouvoir faire cela sans éprouver de culpabilité.

vendredi 24 février 2012

Omega




Cette image du corps comme étant une machine mécanique, animée par un fluide mystérieux me rendait à la fois rêveur et sceptique.
Ce que je voyais dans ce réseau de tubes, ce n'était que ce vide qui se déplaçait parfois, dans une respiration m'adressant distinctement différents manques; un besoin de combler les méandres de ce labyrinthe organique. Ce que je cherchais encore, c'était à me remplir de substance, une ou plusieurs substances qui me donneraient cette consistance qui parfois venait me rendre visite. Malheureusement, rien ne dure. 

Le vide finit toujours par triompher, et c'est bien lui qui nous impose cette épée de Damoclès sur la tête.
Ce vide qui lui-même n'avait pas la moindre constance, et pourtant parsemé de petites pointes d'espoir. Un intouchable espoir que rien d'autre ne pouvait procurer à la fois cette lourde mélancolie et cette attirance indéniable. Deux yeux ne pouvaient suffire à rendre sa splendeur à ce mystère effroyable. Je m'imaginais héros mythologique, quelque sagittaire cherchant infiniment à tirer un fil d'or noué à un unique carreau, transpercer la nébuleuse et atteindre... quoi finalement? En réalité, je m'imaginais antihéros, ne passant jamais à l'acte, mais s'évertuant seulement à trouver la bonne visée.

Image :
Florence HUYAR-LETOURNEUR
Oeuvre graphique, encre de chine
91X81