vendredi 24 février 2012

Omega




Cette image du corps comme étant une machine mécanique, animée par un fluide mystérieux me rendait à la fois rêveur et sceptique.
Ce que je voyais dans ce réseau de tubes, ce n'était que ce vide qui se déplaçait parfois, dans une respiration m'adressant distinctement différents manques; un besoin de combler les méandres de ce labyrinthe organique. Ce que je cherchais encore, c'était à me remplir de substance, une ou plusieurs substances qui me donneraient cette consistance qui parfois venait me rendre visite. Malheureusement, rien ne dure. 

Le vide finit toujours par triompher, et c'est bien lui qui nous impose cette épée de Damoclès sur la tête.
Ce vide qui lui-même n'avait pas la moindre constance, et pourtant parsemé de petites pointes d'espoir. Un intouchable espoir que rien d'autre ne pouvait procurer à la fois cette lourde mélancolie et cette attirance indéniable. Deux yeux ne pouvaient suffire à rendre sa splendeur à ce mystère effroyable. Je m'imaginais héros mythologique, quelque sagittaire cherchant infiniment à tirer un fil d'or noué à un unique carreau, transpercer la nébuleuse et atteindre... quoi finalement? En réalité, je m'imaginais antihéros, ne passant jamais à l'acte, mais s'évertuant seulement à trouver la bonne visée.

Image :
Florence HUYAR-LETOURNEUR
Oeuvre graphique, encre de chine
91X81